CONCOURS

Premier film indien à être projeté en compétition à Cannes depuis 1994, la comédie dramatique mélancolique, ludique et émouvante de Payal Kapadia met en vedette Kani Kusruti et Divya Prabha dans le rôle d’un couple d’infirmières à la recherche d’une relation amoureuse à Mumbai. Il y a ici beaucoup de tristesse, mais aussi beaucoup d’humour et de camaraderie, rappelant certains films de Satyajit Ray, comme Le monde d’Apu et La grande ville, dans lequel les habitants des petites villes abandonnent une partie d’eux-mêmes pour s’installer dans la vie urbaine. — JORDANIE MINTZER

CONCOURS

Les relations amoureuses d’une travailleuse du sexe avec le fils d’un oligarque russe deviennent très compliquées dans cette comédie loufoque intelligente et satisfaisante de Sean Baker qui se déroule à Brighton Beach, Brooklyn. Commentant habilement les questions de classe, de privilèges et de division des richesses, le réalisateur continue de se positionner en tant que chroniqueur d’une sous-classe américaine souvent invisible. Mikey Madison joue le rôle titre avec une douceur qui humanise même les situations les plus transactionnelles et une attitude défensive qui la rend dangereuse lorsqu’elle est menacée. -DAVID ROONEY

CONCOURS

La cinéaste britannique Andrea Arnold (Miel américain) change son livre de jeu avec une histoire étonnamment tendre, chaleureuse et teintée de réalisme magique d’une jeune fille de 12 ans essayant de se débrouiller avec ses jeunes frères et sœurs dans la classe ouvrière de l’Angleterre. Grâce au talent magistral du réalisateur avec les acteurs – Barry Keoghan et Franz Rogowski jouent des rôles adultes clés, tandis que la formidable découverte Nykiya Adams, en tant que protagoniste, est présente dans presque toutes les images – le résultat est envoûtant. -LESLIE FELPERIN

SEMAINE DE LA CRITIQUE

Le premier long métrage de la scénariste-réalisatrice Constance Tsang est une histoire tendre et tranchante sur la dislocation, centrée sur un trio d’immigrants chinois dans le Queens : un employé d’une entreprise de construction et deux collègues d’un salon de massage. Tsang nous entraîne dans l’orbite intime de ses personnages expatriés ; puis, l’absence soudaine de l’un d’eux vient tout chambouler. Ce qui se déroule est un drame tranquillement captivant qui se débat avec la question de savoir comment continuer. – SHERI LINDEN

CONCOURS

Le long métrage élégiaque et poétique de Jia Zhang-ke tourne autour d’une femme (la muse de longue date du réalisateur chinois, Zhao Tao) qui quitte son domicile dans une ville industrielle en déclin à la recherche d’un ancien petit ami disparu. Le film revient non seulement sur l’histoire récente de la Chine, mais aussi sur la filmographie de Jia, faisant écho à des thèmes, des caractéristiques géographiques, des techniques et des éléments structurels tout en incorporant des séquences tournées à différents intervalles de 2001 à 2023 – une approche qui lui confère une sorte de parenté avec Richard. de Linklater Enfance. -DR

Quinzaine des réalisateurs

Une grande famille italo-américaine se réunit à Long Island pour sa célébration hivernale annuelle dans le film d’ensemble chaleureux, étrange et trippant de Tyler Taormina mettant en vedette Maria Dizzia, Ben Shenkman, Michael Cera et Francesca Scorsese. Partageant son attention entre les réjouissances et les inquiétudes des adultes sur le front intérieur et l’optimisme des adolescents qui s’enfuient pour faire des balades, filmer des conneries et rêver, c’est une fête mémorable et aventureuse, alimentée par un espoir intense et l’esprit du scénariste-réalisateur. attachement pour ses personnages. —SL

CONCOURS

Zoe Saldaña, Selena Gomez et la divine Karla Sofia Gascón illuminent la fabuleuse comédie musicale de Jacques Audiard dans laquelle un baron de la drogue mexicain fait appel à un avocat pour subir une opération chirurgicale d’affirmation de son genre et commencer une nouvelle vie. Le réalisateur français (Un prophète, Rouille et os) a toujours été aventureux, et sa dernière création traverse adroitement les styles : c’est un récit de rédemption avec un courant d’humour almodóvarien, des moments de mélodrame, de noir, de réalisme social, un soupçon de camp de telenovela et une escalade vers un suspense touché par la tragédie. -DR

UN CERTAIN REGARD

Le captivant long métrage d’animation 3D du réalisateur letton Gints Zilbalodis est une aventure de survie très expérientielle, racontée entièrement sans dialogue, dans laquelle un chat évolue de l’auto-préservation à la solidarité avec un équipage hétéroclite d’autres espèces. C’est un film merveilleux pour les enfants ; les thèmes de l’importance de l’amitié et de la confiance mutuelle sont intégrés de manière organique dans le récit sans trop insister. Ce n’en est pas moins un film pour adultes, avec ses visuels séduisants et ses personnages chargés de charme et d’individualité. -DR

SEMAINE DE LA CRITIQUE

Tournant autour d’un exilé syrien traquant son ancien tortionnaire en France, le film de Jonathan Millet est une œuvre d’une intensité viscérale et d’un contrôle formidable, vous prenant dans une étreinte étroite et vous y maintenant. Millet maîtrise parfaitement la mécanique du thriller paranoïaque ; une préférence rafraîchissante pour l’intimité et la clarté plutôt que pour l’agitation stylistique ou narrative distanciée ; et deux acteurs fantastiques : Adam Bessa, le leader émouvant et magnétique de star de cinéma, et Tawfeek Barhom dans le rôle d’un méchant dont l’humanité est la chose la plus effrayante chez lui. -JON FROSCH

CONCOURS

Dans le drame d’une tristesse perçante et d’une actualité urgente de Magnus von Horn, Vic Carmen Sonne offre une performance à plusieurs niveaux en tant que couturière dans le Copenhague d’après la Première Guerre mondiale, laissée pour compte lorsque son riche amant la met enceinte mais ne veut pas l’épouser. Cela lui laisse deux choix : se faire avorter avec une aiguille à tricoter ou avoir le bébé et le confier à une sinistre femme (la grande Trine Dyrholm) qui dirige une agence d’adoption clandestine. Le film atteint un point culminant dévastateur. -LF

PROJECTIONS SPÉCIALES

Tiré de deux années d’images, le documentaire bouleversant de Sergei Loznitsa observe des citoyens et des soldats ukrainiens ordinaires essayant de vivre en temps de guerre. Sans voix off ni éditorial, le film construit une trajectoire majestueuse et tragique, mais aussi une intimité déchirante – par exemple dans les scènes d’une maternité où un père, en tenue de combat, rencontre pour la première fois son fils nouveau-né. -LF

SEMAINE DE LA CRITIQUE

Le silence en dit long dans ce drame psychologique captivant venu de Belgique sur la relation rompue entre une adolescente montante du tennis et son entraîneur. Le premier long métrage de Leonardo Van Dijl met en scène la jeune sportive Tessa Van den Broeck dans le rôle d’une joueuse dont le traumatisme personnel est aggravé par le suicide d’un de ses pairs. Composé avec tension en cadres statiques qui maximisent l’intensité, c’est une œuvre austère et efficace qui fait écho au candidat allemand aux Oscars de l’année dernière. Le salon des professeurs. -DR

CONCOURS

Yorgos Lanthimos revient à la collision de la réalité conventionnelle avec des événements surréalistes et inquiétants qui caractérisaient ses travaux antérieurs dans ce fascinant triptyque explorant l’amour, la foi et le contrôle. Regarder des anciens de Lanthimos comme Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley – ainsi que de nouvelles recrues comme Jesse Plemons (le plus remarquable) et Hong Chau – jouer différents rôles avec des dynamiques relationnelles différentes dans les trois histoires est une partie importante du plaisir. -DR

UN CERTAIN REGARD

Le premier long métrage envoûtant du réalisateur français Julien Colonna se déroule pendant un été étouffant en Corse en 1995, une époque où l’île était ravagée par la guerre entre groupes nationalistes et familles criminelles. Se concentrant sur un mafieux essayant simultanément de préserver son leadership et de protéger sa fille adolescente, le film marque l’arrivée d’un nouveau talent audacieux capable de tourner un thriller captivant tout en canalisant une véritable émotion à l’écran. -JM

UN CERTAIN REGARD

Dans le deuxième long métrage inquiétant et profondément captivant du réalisateur Rungano Nyoni, une famille zambienne fait face à des accusations, des aveux et des secrets refaits à la surface après la mort d’un oncle problématique. Le cinéaste oscille avec assurance entre différents tons, remplissant le cadre tragique de l’histoire de moments comiques, de notes de surréalisme, d’étendues de mystère et de poches de rage. Le résultat est une exploration effrayante du silence et de la complicité. — LOVIA GYARKYE

PROJECTIONS SPÉCIALES

Cate Blanchett, Alicia Vikander et Charles Dance incarnent des dirigeants mondiaux désemparés lors d’une conférence du G7 dans la collaboration hilarante de l’auteur canadien Guy Maddin avec les coréalisateurs Evan Johnson et Galen Johnson. Mettant en vedette des zombies en train de se masturber et un cerveau géant de la taille d’une voiture à hayon, le film tourne également en dérision le langage évasif des sommets mondiaux – les promesses qui ne veulent rien dire et les résultats qui ne donnent pas grand-chose dans un monde sur le point de brûler. -LF

PROJECTIONS SPÉCIALES

Les dernières nouvelles du réalisateur suisse Claude Barras (Ma vie de courgette) est un long métrage d’animation en stop motion profondément sincère et galvanisant sur une jeune fille autochtone de 11 ans essayant de protéger ses terres et son peuple contre l’empiétement de la déforestation. Prouvant triomphalement que le divertissement et la valeur éducative ne s’excluent pas mutuellement, Barras ne condescend jamais envers ses téléspectateurs ; le film est sans compromis dans son message et absolument magnifique à regarder. -LG

CONCOURS

Mohammad Rasoulof dresse un réquisitoire puissant, ouvertement politique et profondément personnel, contre l’oppression de son Iran natal, à travers les yeux d’une famille en ruine. Tourné clandestinement et se déroulant en grande partie dans un sombre appartement de Téhéran, le film met en scène un clan de quatre personnes dont le patriarche obtient une promotion qui lui promet un appartement plus grand et une meilleure place dans la hiérarchie judiciaire iranienne. Dans un sens, il s’agit d’un film d’invasion de domicile dans lequel la menace vient non seulement de forces extérieures, mais également de forces intérieures. -JM

UN CERTAIN REGARD

Le film dur et tendre du réalisateur français Boris Lojkine suit un immigrant africain (joué avec fragilité et tension émotionnelle croissante par le non-acteur Abou Sangaré) naviguant dans les rues labyrinthiques de Paris alors qu’il lutte pour gagner sa vie et se faire légaliser. Jouer comme une mise à jour du chef-d’œuvre italien d’après-guerre Voleurs de vélos, c’est un drame réaliste, mais parsemé de moments de tendresse et de camaraderie entre des gens prêts à s’entraider. -JM

UN CERTAIN REGARD

Sans jamais travailler au-dessus d’un murmure, le drame du réalisateur islandais Rúnar Rúnarsson trouve des façons distinctives et étonnamment émouvantes de dépeindre le chagrin et la mort prématurée. Il suit un groupe de jeunes adultes à Reykjavik alors qu’ils font face au décès d’un ami proche, racontant comment ils naviguent sur un terrain émotionnel difficile. Étude astucieuse d’un genre singulier de chagrin, le film offre des images picturales que quiconque a perdu un être cher en bas âge aura du mal à se débarrasser. -LG

A lire également